roman graphique, etc.

lundi 24 janvier 2011

Incertain silence/L'Association

de François Ayroles
L'Association
92 pages


J'ai fait le tour des librairies spécialisées bédés de Paris et rien. Rien, en cette triste et humide période où les derniers chocolats de Noël sont digérés dans l'amertume d'un lundi de chômage, des dernières sorties n'avait grâce à mes yeux. Ma nouvelle équipe de conseillers en positionnement et moi-même avons alors décidé de créer une rubrique patrimoniale. Incertain silence en sera le premier volet.




Joe est un artiste-peintre itinérant. Il ne dit ni ne demande rien à personne. Son errance prend un tour pendable lorsqu'il rencontre Jim, poète, itinérant lui aussi, et qu'il se fait voler son canasson. Arrivés en ville, les (més)aventures de Joe sont rythmées par une avalanche de péripéties, de quiproquos et de situations rocambolesques desquels il s'échappe, toujours, sans mot dire et presque sans heurt. 




Le silence, les attitudes et le visage stoïque de Joe évoquent furieusement Buster Keaton. L'analogie va au-delà puisque le récit est constitué d'une accumulation de gags visuels qui caractérisent le personnage, typique du cinéma muet. Seul marque de "conflit interne", comme disent les théoriciens du scénario : la quête de l'amour. Car sans amour, pas d'épaisseur. Une lecture au deuxième degré rend compte d'une vision assez caustique des acteurs du milieu artistique, i.e. les congénères peintres de Joe, dont les plus fréquentes productions sont des comas éthyliques.
Le découpage est au poil, ciselé, et les jeux de cadrages créent une dynamique proche des films des années 1920-1930. Le noir est profond, puissant, rappelant le trait d'un Hugues Micol.








Incertain silence est sorti à L'Association en 2001. François Ayroles est membre de l'Oubapo (voir ses contributions aux Oupus 1 et 3, édités à L'Asso). 






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Je profite de cette tribune pour faire un peu de politique. Certains d'entre vous en auront eu vent, L'Association, fer de lance de l'édition indépendante, va mal. Pas pour des questions de chiffre d'affaire en baisse, comme on a pu le lire, mais suite aux menaces de licenciement d'une partie de l'équipe éditoriale (qui comprend sept personnes) sur ce prétexte. Les salariés se sont mis en grève, depuis le 10 janvier, pour protester contre ces licenciements injustifiés, compte tenu de la bonne santé de la maison. Un comité de soutien s'est créé pour appuyer ce mouvement humain contre les conséquences de la logique de marché et les pratiques retorses qui l'accompagnent. Voilà une vilaine saga que je n'aurai jamais, mais jamais, imaginée se dérouler au sein d'une maison historiquement associative, anarchiste et anticommerciale.


Pour tout comprendre, chronologiquement : le blog du comité de soutien.
La pétition : sortez du silence !


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