roman graphique, etc.

vendredi 4 mars 2011

Lectures de David B.

de Jean-Marc Pontier
Éditions PLG
160 pages






Comme dans toute boum qui se respecte, il y a un quart d'heure américain, dans tout blog bédé, il devrait y avoir un quart d'heure intello...
Et quand l'œuvre de David B. est décortiqué par un passionné, c'est assez passionnant.







David B. est de ces auteurs français dont le nom évoque peut-être une œuvre, L’Ascension du Haut Mal (L’Association, 6 volumes de 1996 à 2003), probablement un style remarquable (comme le café d'Amérique centrale) et sûrement quelques points de suspension quand au reste. Il est effectivement un des auteurs majeurs de ce qu'on a appelé "la Nouvelle bande dessinée" française dans les années 1990, cofondateur de L'Association, dessinateur et scénariste de talent.

Connu, et donc marqué, par la veine autobiographique des albums de cette époque, David B. l'est beaucoup moins pour ses récits de fiction, pourtant bigrement passionnants. Ce côté du personnage, le texte de Jean-Marc Pontier le met en lumière.

Parmi les thèmes de prédilection de David B., on retrouve : les rêves, la mort, la guerre ou la quête (aventure ou quête de soi), qu'il développe dans ses travaux aussi bien autobiographiques que de fiction. Très marqué par les récits mythologiques japonais, indiens, perses ou hébreux dont il s'inspire, l'auteur en donne une lecture toute personnelle, très "intériorisée" (voire obsessionnelle), appuyée par la force graphique de son dessin, qui complète incroyablement le récit mythique dans ce qu'il a de plus "hautement précieux parce que sacré, exemplaire et significatif"*. Et, par un phénomène de contagion, ses travaux de fiction se retrouvent marqués par cette double mesure, pour explorer avec acuité, au-delà des apparences, l'intérieur de l'humain. Pontier le dit mieux que moi :

"Bestiaire phagocyte, projections phobiques, dilemmes figurés par des batailles aux guerriers proliférants, cet univers concentré nous donne de l'âme humaine une vision non seulement d'une infinie richesse, mais encore vivante en ce que, paradoxalement, il nous parle bien plus de la réalité des choses que ne le ferait un récit classique, limité au strict dessin des apparences." (p.132)



Jean-Marc Pontier est agrégé et docteur en littérature. Et fan. Quoique son analyse soit un brin psychanalytique sur le début (passage par le grand œuvre sus-mentionné oblige) et complètement universitaire dans la structure comme dans le répertoire, elle n'en demeure pas moins exhaustive dans les thématiques abordées et plaisante pour qui, déjà conquis, voudrait approfondir son UE (i.e. Unité d'Enseignement) David B. 

L'iconographie est très riche, plus de 150 illustrations, et complétée par les visuels d'une bibliographie complète. Un livre qui ne s'adresse donc pas au non-initié, mais que méritait vraiment un des plus grands auteurs français que compte la bande dessinée. 




* Mircea Eliade, Aspects du mythe, Gallimard, 1963.

1 commentaire:

  1. La couverture est magnifique...et donne envie d'aller plus avant!

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