roman graphique, etc.

lundi 2 mai 2011

Tonoharu


de Lars Martinson
le Lézard noir
272 pages

Si vous aimez les films de Kitano sans les comprendre (comment les types font des trucs sans se parler?), êtes un ardent activiste de l'Intercompréhension (je te parle ma langue, tu me réponds dans la tienne et nous nous comprenons), enseignant en ZEP ou simplement adepte des récits tramés d'autobiographie sur un humain perdu au milieu d'autres humains, ce livre, tour à tour, vous fera sourire, compatir, ou vous rendre compte de la richesse d'une misanthropie bien placée.




Daniel Wells est un américain parti vivre au Japon pour y travailler comme assistant scolaire dans le lycée de Tonoharu, en pleine cambrousse. Loin d'y retrouver les fantasmes d'un exotisme qui l'ont poussé au départ, il est confronté à un pays terne, des gens froids et des contacts sociaux difficiles. Daniel se retrouve bien seul, sans comprendre les relations qui se nouent autour de lui -celles des locaux comme des expatriés-, avec un japonais qui semble ne pas vouloir s'améliorer. Il nous raconte une histoire pleine d'introspection et de décalages culturels.




Autoportrait de Lars Martinson
Daniel, c'est un peu l'avatar de l'auteur, Lars Martinson. Ce dernier a vécu une expérience similaire en tant que ALT, assistant language teacher, au Japon. S'il s'en inspire, Lars déclare toutefois que le récit est très fictionnel et que les références biographiques relèvent de l'anecdote. 
Aux États-Unis, en 2008, Lars a opté pour l'autoédition de son livre en deux parties. Celui-ci est publié en France au Lézard noir en un tome (ce qui est bien). L'auteur a également permis à ses lecteurs potentiels de suivre l'avancée de ses travaux sur son site perso (ce qui est bien aussi).


Côté dessin, on retrouve un trait évoquant Chris Ware, Dan Clowes, Kaz ou encore Seth, dans cette rigidité apparente commune à ces auteurs made in US. Le choix de la couleur, la simplicité de composition de la planche, et la texture du dessin qui renvoie à la gravure sur bois, sont autant d'éléments qui appellent à l'austérité, certes, mais qui donnent à l'ensemble comme une intensité vibrante et immobile (ouais, je cherche mes mots, désolé) collant bien à l'histoire et à la psychologie du personnage. East meets West, m'kay?


"Bah, ce n'est pas le même personnage sur les deux planches!", me direz-vous.
Et ben, vous avez qu'à lire.


Un jeune auteur à découvrir, en somme.


À paraître le 19 mai.


Merci à Stéphane Duval pour les images.

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